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Qu’est ce que la Deconstructeam nous révèle sur le monde de l’indépendant ?

Salut à tous ! Aujourd’hui je me permets de retenir votre attention sur la Deconstructeam. Composée principalement de trois membres, la Deconstructeam est un studio espagnol indépendant. Il s’est notamment fait connaitre pour avoir développé The Red Strings Club.

Il me parait très intéressants de s’attarder sur ce studio pour plusieurs raisons. D’une part il se dégage de leurs productions une véritable proposition de game design. D’autre part, la méthode de production des jeux du studio me semble illustrer de manière particulièrement instructive ce que peut être la condition d’un studio indépendant.

 

Il était un studio indépendant

La méthode jam

La Deconstructeam est un studio indépendant espagnol composé principalement de trois personnes : Paula Ruiz (@thefingerspit), Marina Gonzalez (@Marineteta) et Jordi de Paco (@jordidepaco).  Le studio a connu une première fois le succès avec le jeu Gods will be watching. Chose intéressante, il s’agit d’un concept né pendant la Ludum Dare 26 (la Ludum Dare est une game jam, pour plus d’information vous pouvez vous référer à mon article sur les jams : Pourquoi participer à une game jam ?). C’est là une des caractéristiques des jeux publiés par le studio qui rejoint celle de bien des studios indépendants : beaucoup des concepts de jeu sont élaborés en jam.

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A cela on peut trouver différentes raisons : la première est qu’un studio indépendant n’a la plupart du temps pas beaucoup de fonds. Il est donc difficile de financer de la recherche et développement. La jam est donc une manière rapide de développer des concepts simples. De plus, cela permet également aux développeurs de voir leur concept directement confronté à un public. Un public connaisseur en matière de jeux vidéo et qui de ce fait est potentiellement prêt à investir dans un concept qui lui plait. Ce contact direct avec un public de ludophile fait alors parfaitement le pont avec le système de financement que beaucoup de studios indépendants choisissent ou tentent de mettre en place : le crowdfunding.

 

L’indépendant : la partie immergée de l’iceberg

Et c’est bien ainsi que la Deconstructeam a financé Gods will ba watching. En effet, si Devolver a publié le jeu, le financement lui s’est sans doute essentiellement fait par la levée de 20,385 €. On ne peut pas alors douter que la capacité qu’a le studio à mobiliser une communauté autour de son projet est un argument de poids pour convaincre un éditeur. Il peut en effet être très difficile pour un studio indépendant de convaincre un éditeur.

Le plus souvent c’est pourtant à travers les lunettes des gros éditeurs que le discours mainstream voit le jeu vidéo. Ainsi, dans le numéro du dimanche 1er septembre du journal Le progrès, on pouvait lire l’affirmation suivante de la part du directeur de production chez Microids  : « La plupart du temps, l’idée de base d’un jeu vient des éditeurs ». Une telle affirmation est peut-être vraie si l’on se concentre sur la production triple A mais c’est occulter tout le secteur du jeu indépendant et même du jeu amateur. Pourtant, si le secteur indépendant parait souvent moins prestigieux que le triple A, il n’en n’est pas moins incontestablement plus prolifique.

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La Deconstructeam !

Mais voilà si, comme dit plus haut, la position de développeur indépendant est la plupart du temps précaire, Deconstructeam fait tout de même partie de ces trop peu nombreux studios qui ont connu le succès. Seulement, après le succès de Gods will be watching, comment ré-embrayer sur un autre projet ? C’est là une question difficile puisque souvent les équipes de développement indépendantes se forment autour d’un projet. Que faire alors quand le projet touche à son terme ? Pour la plupart des studios la question ne se pose même pas puisque si le jeu ne connait pas le succès l’aventure s’arrête tout simplement.

Après Gods will be watching, la Deconstructeam elle avait engrangé des fonds. Elle a donc décidé de rechercher un nouveau projet. Durant trois ans l’activité du studio a donc consisté à enchaîner les jam sans jamais trouver un projet auquel s’accrocher. Au bout des trois ans, les réserves commençant à s’épuiser, il a bien fallu pour le studio se lancer. C’est alors qu’a démarré la création de The Red Strings Club. Le jeu, on le verra, a gardé des stigmates du mode de développement de la Deconstructeam.

 

Qui faisait des jeux indépendants

Avant de vous parler plus précisément des jeux de Deconstructeam, préciser que je ne parlerai que des jeux commercialisés est important. Cette précision est cruciale puisque la plupart des jeux sont issus de game jam et donc testables gratuitement sur leur site.

Les jeux commercialisés par Deconstructeam doivent sûrement leur aspect « composite » justement à ces expériences de game jam.  Par exemple, dans Gods will be watching le joueur devra répondre à une multiplicité de dilemmes pour atteindre ses objectifs. Des scénettes bien distinctes composent le jeu, un choix de découpage sans doute influencé par le contexte de jam. Il est certain que ce contexte rend extrêmement judicieux le choix de se concentrer sur une seule scénette (matérialisé par un seul tableau de jeu). En effet, le temps limité (48h pour la Ludum Dare) réclame de se concentrer sur un projet de petite taille.

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Une scénette de Gods will be watching

 

La chose est encore plus visible dans The Red Strings Club puisqu’ici l’on peut réellement repérer un patchwork de gameplay. La narration raccroche néanmoins de manière cohérente ces phases de jeu. Ainsi le jeu alterne entre différentes phases. Dans chacune, l’on peut reconnaître différents jeux de jam comme ZEN and The Art of Transhumanism et Supercontinent LTD.

ZEN/Supercontinent

Malgré l’apparence disparate des gameplay de The Red Strings Club, ces derniers sont reliés par le scénario d’une part, mais aussi par certaines thématiques. Elles semblent chacune être très chères au studio. On les retrouve en effet dans The Red Strings Club et dans Gods will be watching. Nous pouvons par exemple identifier les thématiques du choix, de la responsabilité ou la révolution.

C’est via le questionnement du joueur que le jeu va permettre d’aborder ces thématiques. Que ce questionnement soit direct comme dans les dialogues de The Red Strings Club avec l’androïd Akara-184 ou à travers des décisions actives du joueur mis sous pression d’un titre qui sonne comme une menace « Gods will be watching » (« Les dieux regarderont »).

 

 

 

Conclusion

En résumé, je vous recommande chaudement les jeux de la Deconstructeam en premier lieu pour leur écriture. Celle-ci semble avoir pour objectif de mettre en place un véritable dispositif dialectique. Dialectique dont le but est d’interroger le joueur. Bien sûr on peut pointer du doigt les limites du dispositif comme le fait que quoi qu’il arrive, le joueur ne pourra toujours choisir que dans un pool de réponses. Il n’en reste pas moins que je suis convaincu que les questions de The Red Strings Club sauront vous faire douter des préjugés moraux.  Comme je suis presque certain que vos échecs dans Gods will be watching vous ferons changer la manière dont vous aborderez les différentes situations. Ces deux jeux vous offriront également à voir à quel point les conditions de production peuvent être déterminantes d’un point de vue formel.

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Article écrit par Ravengar le 08.10.2019

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