Joker - Un drame aux allures de comédie - Asgard.gg

Joker – Un drame aux allures de comédie

Joker – L’origin story d’un des méchants les plus cultes des comics

S’il y a bien un méchant de comics que tout le monde connait, c’est bien le Joker. Un personnage ancré dans la culture populaire depuis les années 60 tant il a eu droit à de nombreuses adaptations. Si auparavant, il était toujours présenté comme le Némésis de Batman, il a droit maintenant à son film solo ! Un film pour donner une origin story à un des personnages les plus mystérieux du monde des comics. Effectivement, si le personnage est connu de tous, on n’a jamais eu de version officielle des événements qui l’ont amené à devenir le Joker. Même si les événements décrits dans The Killing Joke restent jusqu’à aujourd’hui une base plus ou moins admise.

Le méchant le plus connu de l’univers DC Comics est également celui dont on sait le moins d’informations. Et c’est peu dire que DC n’en a jamais profité pour lui donner de nombreux rôles dans les comics. Conséquence directe des actes de Batman ? Créé lors d’une chute dans une cuve de produit chimique ? Juste un sociopathe qui tente de faire passer un message ? Un personnage insipide avec des tatouages et des dents argentées (oui je n’aime pas Suicide Squad) ? Nombreuses sont les adaptations que le personnage a connues à travers les époques.

Mais ces adaptations se faisaient toujours pour le présenter en méchant de Batman. Un clown fou prêt à tout pour montrer à quel point le combat de Batman était voué à l’échec. Mais peut-on réussir un film Joker sans Batman ?
Nous allons voir cela ensemble. Le film étant sorti depuis quelques semaines, je vais me permettre des spoils. Mais pas d’inquiétude, ils seront dans un chapitre dédié et bien mis en évidence !

Si vous souhaitez lire d’autres critiques de film de héros, je vous laisse voir ma critique de Spider-Man Far From Home ou encore mon avis sur les derniers films DC Comics.

Un film de super-héros peut-il être objectivement cinématographique ? Le cas Joker

Martin Scorsese disait récemment en interview à Empire qu’il ne souhaitait jamais réaliser un film Marvel, jugeant ces films comme des parcs d’attraction et non des œuvres cinématographiques. Et malgré mon amour pour les films de super-héros, on ne peut que lui donner raison. J’aime les films Marvel et DC, je passe souvent un bon moment devant ces derniers. Mais c’est parce que je suis un fan-boy de l’extrême des héros de comics. Même si j’arrive à dire objectivement les défauts de ces films (et dieu qu’ils sont souvent nombreux), je n’arrive pas à les détester.

Mais pourquoi ? Comme dit Martin Scorsese, ce sont des parcs d’attraction. On ne peut pas détester un film qui va nous en foutre plein les yeux durant toute la séance avec des effets de fou et des références geek pour flatter notre ego. J’avais même réussi à prendre du plaisir devant Suicide Squad avant de voir Jared Leto. On ne peut qu’être heureux en sortant, comme à la sortie d’une attraction. Mais est-ce que le film que nous venons de voir nous a transporté, fait vivre un tas d’émotions ? Est-ce qu’il nous a fait réfléchir sur le monde qui nous entoure ? Et surtout est-ce qu’il a réussi via sa technique et le talent de son réalisateur à vous faire vivre tout cela via l’image ?

Rares sont les films qui arrivent à le faire, et encore moins ceux de super-héros. Si pour moi, Watchmen, Man Of Steel, Batman V Superman et Logan étaient des exceptions en matière de films bien réalisés, ils n’en devenaient pas des œuvres cinématographiques. Pour que je les considère en tant que tel, il aurait fallu ce petit plus, un je ne sais quoi, qui fait qu’on a vécu un film et pas juste le regarder.

Mais je pense que Joker fait partie de ces films qu’on peut appeler une oeuvre cinématographique. Le film arrive à trouver un juste milieu parfait entre le film d’auteur, avec des thèmes forts et des acteurs brillants, et le blockbuster. On comprend donc pourquoi un film centré sur un méchant de comics a pu gagner des prix prestigieux dont le Lion d’or au 76ème Mostra de Venise.

Le film est un hommage à la comédie au cinéma. On peut le voir dans plusieurs scènes via des films cultes de la comédie qu’on voit projetés et qui semblent être une source d’inspiration pour le personnage du Joker : le film Les Temps Modernes de Chaplin notamment lors d’une scène du film. On peut sentir l’amour du réalisateur pour ce genre durant tout le film et également voir un sentiment de malaise se créer chez le spectateur qui voit la cruauté de l’histoire se mêler à ce fond omniprésent de comédie.
Joker est un film qui ne laissera personne indifférent. Il va taper là où il faut et vous laissera certainement sans voix à plusieurs moments.

Joker – Un film qui ose parler de problèmes de société ancrés dans notre temps

S’il y a bien un argument qui revient assez régulièrement quand on parle du film, c’est à quel point il est ancré dans des problèmes de société actuels. Le film nous présente le personnage d’Arthur Fleck, un personnage handicapé souffrant d’une maladie mentale qui provoque chez lui des rires incontrôlés. Et nous allons donc découvrir sa vie au fur et à mesure du film, pour découvrir à quel point la ville de Gotham baigne dans un système privilégiant les riches et laissant de côté les pauvres.

Et ce sont d’ailleurs ici les thèmes principaux que prend le film : la lutte des classes et l’handicap. Si une grosse partie du film va mettre en avant la difficulté d’Arthur à poursuivre son rêve avec son handicap, ainsi que le regard des autres (de la société), c’est finalement la lutte des classes qui aura le rôle le plus crucial.

Mais pourquoi ces sujets semblent aussi bien traités qu’ils arrivent à remettre en question, non seulement notre regard sur les handicaps, mais sur le traitement qui leur sont réservés par la société ?
On nous montre la perspective d’un personnage, qui malgré son handicap et sa situation précaire, tente de vivre une vie normale. Il vit une vie simple en essayant d’apporter de la joie dans la vie des gens, mais la société cherche continuellement à le discriminer. Le monde le voit comme un faible, un moins que rien, un être étrange qui met les gens mal à l’aise. On peut comprendre la peine immense qu’il ressent. Et donc comprendre les raisons qui vont le mener à suivre le chemin qui l’amène vers sa transformation en Joker.

Joker masque métro

Le Joker, un symbole de la lutte des classes ?

La lutte des classes est aussi très bien amenée en présentant le personnage comme une personne nécessitant un suivi médicamenteux régulier et qui doit par conséquent aller régulièrement parler de ses soucis à une assistante sociale. On apprend également que la ville souffre de multiples soucis qui font que les pauvres vivent dans des taudis insalubres. Si les riches se battent pour le peuple dans ce film, ils semblent le faire pour sauver les apparences. Et c’est notamment la mort de membres de la classe économique dominante qui fera basculer le film alors que la première partie se concentrait exclusivement sur la vie d’Arthur Fleck et les difficultés qu’il rencontre. Soulignant ainsi une fois de plus, l’importance donnée à des personnes d’un statut social élevé par rapport au petit peuple.

Et c’est notamment pour ces raisons que le film a fait polémique. On va forcément se mettre à la place d’Arthur. On va ressentir de l’empathie pour les épreuves par lesquelles le personnage va passer. Et par conséquent, on va apprécier le méchant du film. On va aller dans son sens. Le méchant par cet acte remis dans un contexte deviendrait un personnage qu’on comprendrait.
Ce qui évidemment, ne plait pas à tout le monde. Car peut-on accepter de comprendre les motivations d’un tueur ? Et même de le prendre en sympathie ?
Je vous laisse le soin de vous forger votre propre avis, mais le film ose aller à l’encontre des idées reçues et comme toujours cela fait un bien fou.

Donner une Origin Story au Joker ? Mauvaise idée ? [SPOILERS ! FUYEZ, PAUVRES FOUS]

Par bien des aspects, le Joker est un personnage qui doit rester mystérieux pour marcher dans son rôle de Némesis de Batman. Si seulement on pouvait expliquer d’où vient sa folie meurtrière, son esprit dérangé et son amour inconditionnel pour Batman. Le personnage du Joker est un des personnages les plus cruels et dont les motivations sont les plus déjantées dans les comics. Il ne souhaite généralement que prouver à Batman qu’il est un mal nécessaire, ou une conséquence de l’existence de Batman.

Mais alors, pourquoi chercher à donner une genèse à un personnage comme celui-là ? En voilà, une excellente question. Mais est-ce que le film Joker a réussi son coup et proposé une histoire qui puisse contenter les fans, sans dénaturer le personnage du Joker ?

L’histoire du Joker commence sa tragédie là où celle de Batman prend également naissance : dans une ruelle. Après que des jeunes aient volé la pancarte d’Arthur déguisé en clown, ce dernier va se faire tabasser, les jeunes le considérant comme un faible/déchet de la société. Mais c’est également drôle de voir qu’en fin de film, la mort des parents de Bruce Wayne sera une conséquence directe des actes du Joker de ce film. Retournant complètement le matériel de base qui mettait le Joker comme une conséquence de Batman, ici, le Joker est la raison qui va amener Batman à exister.

Le film est aussi très intelligent dans sa manière de présenter les infos sur Arthur Fleck. Si on pense au début avoir un personnage vivant avec sa maman et qui souffre uniquement d’une maladie due à un trauma crânien, on va découvrir au fil de l’histoire que sa vie n’est pas aussi classique qu’on pourrait le penser. D’abord, sa mère lui dira qu’il est en fait le fils de Thomas Wayne (ce qui ferait de lui donc le demi-frère de Batman, une théorie qui me plait énormément !) .

Mais information qui sera démentie par la suite quand il découvrira qu’en réalité, sa mère était une ancienne internée de l’asile d’Arkham qui l’aurait adopté. Elle aurait aussi laissé son mari torturer son enfant pendant des mois et des mois sans rien faire. Cela lui a causé ce trauma et son handicap. Mais malgré tout, des doutes quant à l’identité de son père biologique subsistent. Notamment via le fait que sa mère ait effectivement bossé pour les Waynes et une photo avec un message qui laisse penser qu’ils aient en effet eu une relation. Les Waynes ayant assez de pouvoir pour faire disparaître des preuves, faire passer la mère d’Arthur pour une folle et l’interner à Arkham.

Le film arrive donc à offrir au Joker une genèse satisfaisante pour les fans sans pour autant détruire le mythe en lui donnant un passé trop précis.
Maintenant, je veux un développement du Batman de cet univers. Je suis pas sûr de vouloir une suite à ce film, car je trouve qu’il se suffit à lui-même et il serait dommage de le dénaturer. Même si j’adore l’idée de revoir un jour Joaquin Phoenix reprendre son rôle.

Le meilleur Joker ?

Et voici la question épineuse qui va certainement faire parler de nombreux fans pendant encore de nombreuses années : « Quel est le meilleur Joker ? » Une question qui n’a aucun sens car quand on y pense, c’est comme se demander quel est le meilleur Batman ou le meilleur Spider-Man. Chaque incarnation du personnage apporte quelque chose au matériel de base (oui, même Jared Leto). Si Jack Nicholson reprenait le caractère et les gadgets du Joker de la série animée de 92, Heath Leadger avait la cruauté, Leto avait le côté excentrique et Phoenix a la folie. Chaque personne aura son Joker préféré. Tout dépend de ce qu’on souhaite retrouver dans un Joker.

 

Différents Joker

Les différents Joker à travers les époques !

Par exemple, j’aime beaucoup le Batman de Ben Affleck pour son côté brutal et particulièrement sombre. Mais on ne pourra jamais enlever que Christian Bale faisait un détective milliardaire bien plus convaincant dans son rôle de Batman. Malgré tout, pour moi, un Batman doit être une force de la nature pour pouvoir rivaliser dans le monde dans lequel il évolue (notamment contre Superman etc), donc c’est pour cela que j’ai une préférence pour Affleck. C’est aussi pour cela que je laisse une chance au Batman incarné par Robert Pattinson qui, je suis sûr, va apporter un petit plus à un héros qui vient de fêter ses 80 ans d’existence.

Donc pour l’amour de dieu, arrêtons avec « cette version du personnage est mieux que celui-ci ». Parlons de préférence et de ce qu’on veut voir du personnage dans les films.


Conclusion :

Joker est un excellent film qui, en plus, prouve qu’on peut faire d’un film de super héros, une oeuvre cinématographique. Vous n’en ressortirez pas indemne tant le film arrive à décrire ses thèmes avec une justesse exemplaire. Ce film n’était vraiment pas ce qu’on croit, comme le dit si bien les affiches promotionnelles francophones. Les fans du chevalier masqué, quant à eux, pourraient être légèrement déçus du manque d’interaction entre les deux personnages. Mais pour moi, le film n’a pas besoin de cela pour briller.

En bref, s’il y a bien un film à aller voir en ce moment au cinéma si vous êtes un peu fan de la pop-culture ou simplement de cinéma, c’est Joker.

Article écrit par Ailoas le 07.11.2019

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